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03 / 06 / 2019

Le leadership “people-friendly” est hautement recherché

Le leadership, nous l’avons vu, se perçoit par l’influence exercée avec ses conséquences insoupçonnées, à savoir le fameux coefficient ombres & lumières.
Par Gisèle Szczyglak

Si j’arrive à influencer mon voisin ou mes équipes, c’est que je suis capable d’avoir du leadership. J’ai acquis une compétence désirable et connectée directement à mes futurs bonus. La capacité de passer dans une modalité d’être et d’action qui se nomme l’art de conduire les autres tout en ayant conscience, en toile de fond, de la façon dont je pratique la conduite en solo…
Un leadership sans démonstration effective et concrète de son existence ne signifie rien. Le leadership s’exerce dans des formes d’interactions sociales fluctuantes dont la fiabilité échappe à une forme de rationalité exclusive. Aucun rétroplanning n’existe pour encadrer la permanence du comportement humain. Un leader hors sol n’existe pas. La pratique du leadership est nécessairement situationnelle et évolue en fonction des variations plus ou moins prévisibles du terrain.
Le leadership est particulièrement apprécié, de nos jours, dans un système ouvert qui laisse la place aux autres.  Il est de bon ton d’être disponible, ouvert tout en étant capable d’assumer seul les conséquences des décisions prises. Un leadership “people-friendly” est hautement recherché. Votre agenda personnel, vous le gardez pour vous. Vous le partagez, sur les bords, de manière stratégique, avec ceux qui ont sensiblement autant besoin de vous que vous avez besoin d’eux pour le réaliser. Comment faire pour rester sympathique tout en construisant mon agenda personnel ? Comment faire pour assumer ma solitude organisationnelle dans la prise de décision et rester disponible à l’écoute des autres dans un système ouvert ?
Je me dois alors de rechercher l’art de la constance. Je persévère sur tous les fronts : dans mon écoute, dans ma dynamique collective avec mes pairs, mes équipes, et dans ma solitude hiérarchique qui m’amène à converser avec moi-même sur la fin du jour. Quel leader suis-je ? Je comprends que, dans cette logique situationnelle qui repose sur une multitude de facteurs pas tous quantifiables ni maîtrisables, j’ai un devoir de constance. Persistance, stabilité et permanence me rendent davantage orienté “people” pour les autres dans l’exercice de mon influence, et m’éloignent, avec soulagement, des formes d’autoritarisme et de communication descendantes qui ne sont plus à la mode, ni associées à la figure recherchée d’un leader agréable, ouvert et efficace.

Autres temps, autre stress

Résonne en moi une nouvelle énigme issue de ma pratique de leader et des attentes que je perçois autour de moi renvoyées par différents canaux : entretiens, 360°… mots qui glissent dans l’alcôve des bureaux après le départ des plus nombreux. Un leadership “people friendly”  est-il désirable voire défendable ? Puis-je tenir la route avec cette posture ? J’ai appris, souvent à mes dépens, qu’au travail on n’est pas là pour être aimé. Se sentir respecté et apprécié constituent les premières attentes légitimes. Être identifié comme un leader c’est cristalliser un ensemble d’émotions et d’attentes qui reflètent ce que nous sommes censés être en tant que personne dans la société plus largement et pas seulement dans l’entreprise où j’exerce mes fonctions. Comme si se greffait l’idée d’une possibilité de comportements non touchés par les enjeux business mais qui incarnent une utopie stéréotypée quasi californienne. Dents blanches et générosité dans le sourire, allure décontractée et bronzée. L’avènement du leader idéal. L’Homme que les tableaux Excel ne feraient qu’effleurer. L’élu situationnel qui passe en souriant à travers tout. Constant et rassurant.
On n’est plus à Woodstock et le monde s’appelle VUCA (Volatility, uncertainty, complexity and ambiguity).
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