Si j’arrive à influencer mon voisin ou mes équipes, c’est que je suis capable d’avoir du leadership. J’ai acquis une compétence désirable et connectée directement à mes futurs bonus. La capacité de passer dans une modalité d’être et d’action qui se nomme l’art de conduire les autres tout en ayant conscience, en toile de fond, de la façon dont je pratique la conduite en solo…
Un leadership sans démonstration effective et concrète de son existence ne signifie rien. Le leadership s’exerce dans des formes d’interactions sociales fluctuantes dont la fiabilité échappe à une forme de rationalité exclusive. Aucun rétroplanning n’existe pour encadrer la permanence du comportement humain. Un leader hors sol n’existe pas. La pratique du leadership est nécessairement situationnelle et évolue en fonction des variations plus ou moins prévisibles du terrain.
Le leadership est particulièrement apprécié, de nos jours, dans un système ouvert qui laisse la place aux autres. Il est de bon ton d’être disponible, ouvert tout en étant capable d’assumer seul les conséquences des décisions prises. Un leadership “people-friendly” est hautement recherché. Votre agenda personnel, vous le gardez pour vous. Vous le partagez, sur les bords, de manière stratégique, avec ceux qui ont sensiblement autant besoin de vous que vous avez besoin d’eux pour le réaliser. Comment faire pour rester sympathique tout en construisant mon agenda personnel ? Comment faire pour assumer ma solitude organisationnelle dans la prise de décision et rester disponible à l’écoute des autres dans un système ouvert ?
Je me dois alors de rechercher l’art de la constance. Je persévère sur tous les fronts : dans mon écoute, dans ma dynamique collective avec mes pairs, mes équipes, et dans ma solitude hiérarchique qui m’amène à converser avec moi-même sur la fin du jour. Quel leader suis-je ? Je comprends que, dans cette logique situationnelle qui repose sur une multitude de facteurs pas tous quantifiables ni maîtrisables, j’ai un devoir de constance. Persistance, stabilité et permanence me rendent davantage orienté “people” pour les autres dans l’exercice de mon influence, et m’éloignent, avec soulagement, des formes d’autoritarisme et de communication descendantes qui ne sont plus à la mode, ni associées à la figure recherchée d’un leader agréable, ouvert et efficace.